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débunkage express : VEO (violences éducatives ordinaires)

 

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Vous connaissez le mouvement "stop VEO" ? C'est la nouvelle lutte de militants et de "spécialistes" de l'éducation, qui vise par exemple à encourager les gouvernements à interdire tout châtiment corporel comme la fessée donnée en guise de punition.

Un des mouvements les plus médiatisés (il apparait parmi les premiers résultats lorsque l'on tape VEO sur google et a également une forte présence sur les réseaux sociaux), "OVEO" (Observatoire des Violences éducatives Ordinaires; 1) ou encore "stopVEO", se base entre autres sur les travaux de Alice Miller, docteur en psychologie sociale et en sociologie. 

L'idée est simple : Les militants anti-VEO considèrent comme "violence éducative ordinaire" toute forme d'action psychologique et physique portée sur l'enfant pour le sanctionner, et qui provoquera chez lui une émotion de peur et qui pourra se manifester par des pleurs, une brève tétanie, etc. à un degré non précisé. 

Ces VEO seraient selon ces militants, à l'origine de l'agressivité de certains adultes, de la maltraitance envers les enfants, du décès de "2 enfants par jour sous les coups de leurs parents". Il faut savoir que ce chiffrage de "2 enfants morts par jour, sous les coups de leurs parents" se base sur des analyses erronées et a été contesté (2). 

Le site affiche que le nombre d'enfants tués à cause de la maltraitance a diminué depuis 1979 depuis l'abolition des châtiments corporels. Cette phrase est démagogique car on ne peut pas savoir s'il y a eu causalité entre l'interdiction des châtiments corporels et la baisse du nombre d'enfants tués par maltraitance, ou si cette baisse est le fruit d'un ensemble de mesures pour mieux protéger les enfants victimes de maltraitances. 

Sans compter que la baisse du nombre d'enfants tués à cause de la maltraitance est une constante et pas seulement en Suède. La baisse du nombre d'homicides en général a été une constante en France , même si les chiffres sur les infanticides sont probablement sous-évalués (3), comme les chiffres sur les agressions. 

Il n'est pas rigoureux d'attribuer la baisse d'infanticides à l'interdiction de la fessée. Il n'est pas non plus rigoureux de considérer que la fessée ordinaire tend à glisser vers la maltaitance. 

Le problème des militants anti-VEO est qu'ils confondent ce qu'ils appellent violences éducatives avec la maltraitance. Et si nous pensons le contraire de ce qu'ils pensent, c'est parce que nous aurions nous-mêmes subi ces violences et que nous les aurions "interiorisé" pour ensuite les "banaliser". C'est le même type de sophisme présent dans les théories féministes sur la "construction sociale" du "patriarcat" ou des théories décoloniales sur le "racisme systémique" ou encore l'inconscient freudien. On ne peut pas prouver leur existence, et la contestation de ces phénomènes serait le signe qu'ils existent. 

C'est un raisonnement de type "pile, j'ai raison et face, tu as tort". Les personnes pensent avoir raison parce que leurs interlocuteurs s'opposent à leurs théories.

Ils donnent l'illusion de rigueur scientifique en se référant à la "mémoire traumatique". Ils abordent quelque chose de réel, à savoir que le traumatisme peut être provoqué par un événement qui produit une sidération. Mais cela ne veut pas dire que chaque enfant est traumatisé par la moindre gifle ou fessée reçue en guise de punition. Existe t-il seulement une étude montrant un nombre significatif d'enfants victimes de stress pôst-traumatique après avoir reçu une gifle en guise de punition ? C'est là que le manque de rigueur des anti-VEO se voit le mieux.

Pire encore, Alice Miller vient à dire que la violence éducative ordinaire serait à l'origine de la violence des adultes, des génocides ou des dictatures : 

"Il ne s’agit pas là d’un problème de la famille uniquement, mais de toute la société parce que les victimes de cette dynamique de violence, transformées en bourreaux, se vengent sur des nations entières, comme le montrent les génocides de plus en plus fréquents sous des dictatures atroces comme celle de Hitler"

Rien que ce "point godwin" traduit l'absence de sérieux de la réflexion de ces militants (Alice Miller a un double-doctorat mais cela n'empêche pas de dire des bêtises, de faire preuve de démagogie et de penser sous un angle idéologique. Même les personnes les plus instruites ne sont pas immunisées face aux dérives sectaires). 

En réalité, aucune des études citées par Alice Miller (4) ne peut établir de causalité formelle entre une violence éducative ordinaire et des problématiques une fois arrivé à l'âge adulte comme le fait d'avoir des troubles mentaux, de manquer de confiance en soi ou de devenir violent envers ses enfants à son tour. Les études révèlent au mieux des corrélations entre par exemple, le devenir psychopathe d'un adulte et le fait qu'il ait été maltraité durant son enfance. Mais une corrélation n'est pas une causalité. 

Les études se basent sur des adultes qui ont été maltraités durant leur enfance. Il n'est pas rigoureux d'extrapoler une situation extrême à une situation ordinaire. Au mieux, les chercheurs prudents se disent favorables à une éducation non violente mais ne vont pas forcément dire qu'il faut interdire toute fessée, toute gifle ou toute privation de dessert. 

Ainsi, on peut encourager les parents vers des stratégies pédagogiques alternatives, sans que cela ne devienne une injonction. Les gifles et fessées peuvent être considérées comme des mesures "exceptionnelles" et pas forcément comme de la maltraitance. 

Si ces militants ne voient pas la différence entre les adultes équilibrés ayant reçu parfois des claques et les adultes ayant été victimes de maltraitances, pourquoi leurs discours devraient avoir un impact sur les gouvernements ? Doit-on laisser des individus guidés par le militantisme et prêts à n'importe quel sophisme et analogie s'immiscer dans la vie des familles pour leur dire ce qu'ils ne doivent pas faire... comme si c'étaient des enfants ? Parce qu'ils auraient une "illumination", une soudaine "prise de conscience" ?

sources documentaires 

1) https://www.oveo.org

2) https://www.europe1.fr/emissions/Le-vrai-faux-de-l-info2/combien-denfants-meurent-chaque-jour-sous-les-coups-de-leurs-parents-3548045

3) https://www.liberation.fr/checknews/2018/06/15/combien-y-a-t-il-d-infanticides-par-an_1659098

4) http://www.alice-miller.com/articles/

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